Des caves témoins d’un riche passé

La présence initiale de grottes naturelles, la nécessité de préserver les productions des hivers très froids (les XVIIème et XVIIIème siècles ont connu un « petit âge glaciaire ») et surtout l’explosion de la production jusqu’au XIXème siècle ont abouti à une concentration de caves-bâtiments parfois impressionnante, comme à Châteaugay.

Un passage au quartier des caves châteaugayres – situé… rue des Caves, bien sûr – achèvera de convaincre de l’importance économique et culturelle du vin dans la commune. On parle de cave-bâtiment pour bien distinguer ces édifices des caves « normales », en sous-sol des habitations. Une cinquantaine de cheminées d’aération poussant en tous sens, telles des champignons, sur la colline herbeuse qui forme leur toit : le paysage évoque une œuvre surréaliste !

Ces caves isolées des constructions d’habitation sont une particularité du vignoble auvergnat. Elles sont quelquefois réhabilitées, dans une certaine mesure, car elles ne disposent évidemment pas de sorties de secours, ou parfois laissées en l’état.

L’ancien caveau dit de Lascombe Mesclier a été restauré par les bons soins de la municipalité châteaugayre et fait office aujourd’hui de salle municipale de bienvenue. Lorsqu’on s’y aventure, on est frappé par les reliefs anguleux de la roche noire, zébrée par endroits de blanc d’argile. Napoléon 1er, dit-on, fit creuser certaines caves à même le tuf par ses prisonniers autrichiens, entre la Révolution et l’Empire. Les entrées sont astucieusement construites à flanc de coteaux, ce qui permet d’atteindre la profondeur souhaitable, de l’ordre de la dizaine de mètres, pour une bonne conservation tout en réduisant la distance pour accéder à la cave. Devant chaque entrée, on taillait dans la pierre des encoches dans lesquelles on calait une barre transversale, celle-ci permettant de sortir les tonneaux à l’aide d’une corde.

La température constante – entre 10 à 12 ° C – autorisait la conservation de quantités qui atteignirent des proportions gigantesques aux XVIIIe et XIXe siècles – c’est d’ailleurs à cette époque que les vignerons agrandirent la plupart de ces caves, s’en partageant souvent l’usage et l’occupation. Témoins de la solidarité du monde viticole, certains passages souterrains de cave en cave subsistent aujourd’hui, même si beaucoup ont été rebouchés pour des raisons de commodité et de propriété.